Pionnier de l’art numérique, l’artiste genevois Hervé Graumann utilise, dans son travail, autant l’informatique que les techniques mixtes, les installations ou encore la photographie. Pour Vanité 2b, acquise par le musée en 2010 auprès d’une galerie de Carouge, le plasticien commence par collecter des séries d’objets du quotidien produits industriellement (clous, gobelets en plastique, seringues, assiettes, cuillères, etc.). A l’aide de ces objets, il crée des groupes, sortes de modules qu’il reproduit à l’identique et qu’il installe au sol, artisanalement, pour former une grande composition ornementale qui évoque un papier peint. Il photographie ensuite cet ensemble et tire ses photographies en grands formats (cette série est également déclinée sous la forme d’installations tridimensionnelles).
Le titre de l’oeuvre renvoie à un type précis de natures mortes très en vogue dès le XVIIe siècle qui invite à réfléchir sur le côté éphémère de la vie humaine et l’inutilité, ou la vanité, des plaisirs terrestres. Les objets sélectionnés par l’artiste évoquent notre société de consommation et certaines dérives. Mais, au-delà des références artistiques ou sociologiques, la question de la représentation à l’âge de l’informatique est au centre des préoccupations d’Hervé Graumann.
Lorsqu’on observe la photographie, la première impression est d’être face à une composition obtenue par le principe du «copiercoller », et qu’il s’agit donc d’une image virtuelle. A y regarder de plus près, on constate des irrégularités qui trahissent la mise en place manuelle des différents éléments. L’artiste nous interroge ainsi sur la nature de la représentation, réflexion d’une grande actualité dans notre monde de l’image.
Hervé Graumann, Vanité 2b, 2003, photographie marouflée sur aluminium, 116 x 186 cm.