En 2018, le Musée de Carouge acquiert, auprès d’un antiquaire en contact avec des descendants de l’artiste, une quarantaine de tableaux du Carougeois Louis Uldry. Présentation d’une scène intime, pleine de sensibilité.
Un intérieur, le soir: trois générations sont représentées autour de la table de cette cuisine à l’ancienne, avec son fourneau. Éclairées par une lampe ajourée en napperon, suspendue au plafond, deux femmes sont en train de broder. Sur les genoux de la plus jeune, vêtue d’un manteau d’intérieur rouge, un enfant est assis et joue, bien sagement. Les jouets et le matériel de couture disposés sur la table forment une nature morte inhabituelle et colorée.
Une atmosphère familiale et cosy se dégage de cette peinture, dont les rouges et les ocres chauds contrastent avec les bleus et les blancs plus métalliques. On ressent le plaisir d’être ensemble, le calme de la pièce. On devine l’obscurité enveloppante, tout comme la saison froide à l’extérieur qui rend cet intérieur d’autant plus accueillant, bien qu’aucun visage ne soit tourné vers le spectateur. Le dîner est, ici, terminé, la vaisselle est rangée et l’ambiance de veillée qui occupe pleinement les protagonistes s’est installée. Alors que les femmes vaquent à leurs travaux, où sont les hommes dans ce tableau ? Sont-ils sortis au café du coin, sont-ils installés au salon, en train de tourner les pages du journal quotidien ou de fumer une cigarette? Broderie et couture ont, en effet, longtemps été caractérisées en tant qu’activités proprement féminines. Comme dans ce foyer modeste, les femmes se retrouvaient, entre elles, au terme de la journée. La cuisine était alors leur environnement privilégié, dans lequel les enfants aussi pouvaient entrer.
Cette scène paisible et quotidienne a été peinte dans les années 1920 par Louis Uldry. Né en 1878 à Carouge, il suit plusieurs formations artistiques, avant de vivre de divers emplois de peintre et de décorateur. En 1924, il est nommé administrateur des Abattoirs de Carouge; ce travail lui procure une stabilité financière qui lui permet de poursuivre sa passion pour l’art. Dans ses tableaux, il représente avant tout des portraits, des paysages de la campagne environnante et des scènes de genre. De plus, en 1936, Louis Uldry fonde, avec Louis Cottier, entre autres, la Palette carougeoise : une société réunissant peintres et sculpteurs de la Cité sarde, dans le but de présenter les travaux de ses membres au public. Elle est toujours active aujourd’hui et réunit de nombreux amoureux des arts.
Louis Uldry, Femmes brodant, 1924, huile sur toile.
