Cette grande huile sur toile représentant un personnage en pied, vêtu d’une blouse de travail bleue et tenant sur son bras gauche une pendule de table, est l’oeuvre du peintre carougeois Pierre-Eugène Vibert. Elle fait partie du décor qui lui est commandé à l’occasion des transformations du bâtiment de la Mairie de Carouge, entre 1914 et 1915. Pour la Salle du Conseil municipal, Vibert réalise ainsi une grande peinture allégorique, l’Arve et la Drize, accompagnée de sept panneaux représentant les principales industries de Carouge parmi lesquelles l’horlogerie. Une série de gravures complète ce décor qui reste en place jusqu’en 1976, au moment où l’on procède à d’importantes transformations dans le bâtiment de la Mairie. Les oeuvres de Vibert sont conservées et font désormais partie des collections du Musée.
Pour représenter les industries, Pierre-Eugène Vibert réalise, chaque fois, un portrait d’une personnalité carougeoise en vêtement de travail et munie des outils ou des réalisations propres à son métier. Emmanuel Cottier (1858-1930), horloger et père de Louis Cottier, incarne l’horlogerie. Présenté de face, d’une taille à peine inférieure à celle réelle, le personnage se détache sur un fond clair dénué de toute profondeur à l’exception d’une ombre portée entre les pieds. Vibert, qui a certainement en tête le Joueur de fifre de Manet (1866), donne ainsi à son personnage une réelle monumentalité. Il démontre également ses grands talents de portraitiste.
Pierre-Eugène Vibert est une figure majeure de l’art à Carouge, tant pour la peinture que la gravure sur bois. Le Musée de Carouge lui a consacré deux expositions en 2000 et en 2009. Il a fait l’objet d’une notice complète dans le Dictionnaire carougeois, tome IV/B. Arts à Carouge : Peintres, sculpteurs et graveurs (en vente à la boutique du Musée).
Pierre-Eugène Vibert, L’horloger, 1914, Huile sur toile marouflée sur panneau de bois, 170 x 77 cm.