La rencontre entre Jean Wiéner [1896-1982), musicien de formation classique, à la personnalité pudique, à la corpulence chétive et discrète, grand buveur d’eau devant l’éternel, et Clément Doucet [1894-1950], excentrique musicien belge au physique de déménageur, buveur impénitent, relève d’un miracle que seuls les deux enfants prodiges du piano qu’ils étaient tous deux pourraient vraiment élucider.
Voici ce qu’en dit Wiéner dans son merveilleux livre de souvenirs « Allegro appassionato »: « Il me fallait un autre pianiste pour le Bœuf sur le toit. Une idée me vint... Ce gros pianiste belge de retour des Etats-Unis et dont j'avais fait la connaissance quelques jours auparavant, ferait peut-être l'affaire? […] J'avais pu juger de la rare musicalité de ce pianiste, en même temps que de son inconscience. J'avais devant moi un modeste qui, je le sus plus tard, cachait un très grand pianiste […] Dès la minute où nous posâmes nos quatre mains sur deux pianos, il se produisit une espèce de miracle: il y avait entre deux hommes, absolument différents l'un de l'autre, une harmonie, une intimité inexplicables ; aussi peu cérébral qu'il fût, Doucet s'en apercevait et il nous arrivait, parfois, d'en rire d'un piano à l'autre. Je pense que ce phénomène n'a pu se produire ailleurs que dans le cas d'embrassement entre deux êtres qui se rencontrent, par hasard, un jour une nuit, et qui, peut-être, eux, ne se reverront jamais ».
Le résultat? Une alchimie unique, qui conduisit le duo jusqu’en 1939 à donner plus de 2000 récitals triomphalement accueilli dans le monde entier… au grand dam de Clément Doucet, qui considérait la carrière de musicien comme une déchéance, sa vraie vocation ayant été de conduire des locomotives! Il suffit de réentendre aujourd’hui, sous les doigts prodigieux de ce génie les adaptations époustouflantes en version « swing » qu’il fit de Wagner (Wagneriana, Isoldina), de Chopin (Chopinata) ou de Rêve d’amour de Liszt, ou d’écouter la splendide interprétation du duo de la Sonate pour 2 pianos de Mozart (toujours considérée comme une des plus belles au catalogue discographique) pour se réjouir que les chemins de fer ne l’aient pas éloigné définitivement de la musique.
À travers la présente évocation, Patrick Crispini, grand connaisseur de cette époque, fait revivre l’effervescence artistique au cœur du bonheur de vivre des Années folles qui rejaillit, intact, sous les doigts entremêlés de Wiéner & Doucet…
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Horaire
18H-21H30
Tarifs
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1 COURS (tarif plein) : CHF 40.-
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Adresse des événements
Salle Robert Dunand
Centre musical (2e étage)
Rue du Marché 9, 1227 Carouge
Renseignements
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