01.06.2024

"Dans la place", un film sur la jeunesse et l'immigration à Carouge

"Dans la place", est le titre d’un court-métrage initié par la Ville de Carouge, fruit d’une démarche originale entre la réalisatrice Rachel M’Bon de l’association Now we are rising (NWAR) et cinq jeunes – trois Carougeois et deux migrants afghans. Il a été révélé lors d’une soirée au Cinéma Bio, le 30 mai 2024.
Affiche film Dans la place

Un film-témoignage dans la Cité sarde

"Dans la place" est un court-métrage qui plonge au cœur de Carouge, une ville au carrefour des cultures, également surnommée la Cité sarde, en référence à son histoire.

Le film témoigne de la rencontre entre trois jeunes Carougeois – Kismath, Dorran, et Nayan – issus de la deuxième génération d’immigrants, et deux jeunes migrants mineurs afghans, Mohammad et Homayun, qui viennent d’arriver en Suisse. Tout au long du film ils explorent ensemble la place laissée à «l’autre», le dernier arrivé, et questionnent la notion du «chez soi» face à l’exil. À travers des images d’archives et un micro-trottoir mené sur la place du Marché de Carouge, les jeunes interrogent les passants sur ce que signifie le racisme pour eux. Les réponses, variées et parfois surprenantes, dévoilent les perceptions complexes qui entourent ce sujet sensible.

Le film nous plonge aussi dans un récit où les jeunes, au travers de leurs échanges et interactions, montrent une profonde empathie envers les nouveaux venus, illustrant une manière de vivre ensemble dont les adultes pourraient s’inspirer. Finalement, le dialogue s’étend au-delà des mots, se transformant en une création musicale collective initiée et composée par Nayan, le rappeur du groupe. Les jeunes composent et interprètent ce morceau de rap avec leurs propres mots/maux unissant leurs voix pour créer un chant commun, reflet de leur histoire partagée.

Rachel M’Bon entourée d’une équipe composée de la cinéaste Juliana Fanjul et du directeur de la photographie Leandro Monti, a voulu capturer quelque chose de profondément humain dans Dans la Place : la recherche de la place laissée à l’autre représentant l’altérité, la notion de l’identité, et la manière dont les parcours individuels s’entrelacent pour former une histoire collective. Le film n’est pas seulement une plongée dans la vie des protagonistes, c’est une invitation à repenser ce que signifie "être là". La musique finale, un morceau de rap composé par les jeunes eux-mêmes, devient le symbole de cette union des expériences personnelles dans un langage commun.

Le film est le fruit d’un projet commandé et soutenu par la Commission extraparlementaire de la Ville de Carouge, visant à sensibiliser sur les réalités de l’intégration et la richesse du vivre-ensemble. Il a pu bénéficier d’un soutien financier de la part de la Confédération et son Service de Lutte contre le Racisme et le Bureau d’Intégration et de la Citoyenneté du Canton de Genève. Carouge, riche de son patrimoine historique, est aujourd’hui un véritable carrefour de cultures et d’histoires migratoires.

Dans la Place aborde la réalité de la deuxième génération d’immigrants, souvent tiraillée entre la culture de leurs parents et celle de leur pays d’accueil. Parallèlement, le film offre une perspective sur les défis des nouveaux arrivants, en particulier les migrants mineurs afghans, qui cherchent à reconstruire leur vie en Suisse. À une époque où les questions d’intégration, de multiculturalisme et de migration sont au coeur des débats publics en Suisse et en Europe, ce court-métrage arrive à point nommé pour alimenter ces discussions avec une approche humaine et centrée sur la jeunesse.

  • Kismath : 18 ans, aime dormir et manger. Elle avait besoin de faire un stage pour son école, et avec ce projet, pensait être derrière la caméra. Finalement, elle s’est retrouvée devant la caméra et maintenant ses voisins la reconnaissent. Elle est gênée : « maintenant tu es une star ».
  • Dorran : 18 ans, personne énergique qui aime découvrir et apprendre de nouvelles choses. Ne se considère pas directement touché par les questions de racisme.
  • Nayan : 17 ans, jeune métis de la ville, artiste dont la musique rythme sa vie, ouvert à tous styles musicaux. Heureux d’y avoir participé mais surpris par l’ampleur du projet.
  • Mohammad : 18 ans, est à Genève depuis 11 mois et va à l’école pour apprendre le français. Aime le football, le skate et la natation. A des souvenirs difficiles sur son parcours (pays en guerre, a travaillé à 7 ans, a dû quitter sa famille). A été séduit par le projet professionnel. Pour lui, que des conséquences positives, a trouvé des amis, appris à utiliser la caméra.
  • Homayun : 17 ans, depuis 10 mois à Genève. Aime le football, la gym, le skate et le volleyball. Ne pensait pas l’envergure de ce projet professionnel. Il est satisfait et a appris beaucoup, a connu des amis, et des personnes venant de domaines tels que le cinéma, le journalisme.

Dans la Place a été présenté en avant-première au Cinéma Bio de Carouge devant un parterre de 120 spectateurs le 30 mai 2024. Il a par ailleurs ensuite été diffusé le 23 août 2024 dans le cadre du festival Bio sous les étoiles et les 28 et 29 août et les 2 et 3 septembre 2024, au Cinéma Bio. A noter que le 28 août 2024, il a accompagné le film Prisonniers du destin de Mehdi Sahebi, lors de son avant-première en Suisse romande.

Ce film vise à encourager le dialogue autour de l’intégration et à inspirer une réflexion sur ce que signifie "faire sa place" dans une société qui peine parfois à intégrer le dernier arrivant.
À travers la musique et les témoignages, le film aspire à créer des ponts entre les différentes générations et communautés.

Il répond aux objectifs suivants :

  • Sensibilisation: Éveiller les consciences sur les réalités de l'intégration et les défis rencontrés par les jeunes migrants.
  • Dialogue: Encourager le dialogue entre les différentes communautés de Carouge et au-delà.
  • Réflexion: Inviter le public à réfléchir sur les notions de racisme, d'identité et de coexistence pacifique.