Carouge s'aventure dans le cinéma, du 16 octobre au 21 décembre 2025
Depuis plus d’un siècle, Carouge entretient une relation privilégiée avec le cinéma. Si cette histoire évoque spontanément le Cinéma Bio, lieu emblématique de la place du Marché, elle dépasse largement les murs de cette salle. Des figures pionnières comme Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma, ou Casimir Sivan ont marqué cette aventure de leur empreinte. Fictions, documentaires, films d’animation : Carouge a vu naître une production riche et variée. Ces œuvres portent un regard singulier sur leur époque, capturant les évolutions de la société au fil du temps. Parallèlement, un véritable écosystème s’est développé autour de cette dynamique créative : laboratoire de sous-titrage, studios son, ciné-club… autant d’initiatives qui témoignent de l’ancrage profond du 7e art dans la vie carougeoise. Cette exposition vous invite à découvrir les lieux, les films et les personnalités qui ont façonné cette histoire. Et si, l’espace d’un instant, Carouge devenait… Hollywood ?
Emmanuel Cottier
(1858 – 1930)
Emmanuel Cottier, père de Louis, est horloger à Carouge.
Il s’inscrit dans la tradition du spectacle animé qui donne
naissance au cinéma. Dans son atelier de la rue Saint-Victor,
il convie, suivant sa devise « Instruire en amusant », les
amies et amis de ses enfants pour des présentations de
ses « Ombres genevoises », relatant des scènes de la vie
quotidienne ou des événements historiques, comme l’Escalade.
Les figurines sont découpées dans de la tôle de zinc et un
mécanisme complexe anime les personnages. La magie du
cinéma est concentrée dans cet ancêtre métallique.
On sait que les premiers spectacles d’optique sont les ombres
chinoises. Elles sont connues en Europe dès le Moyen-Âge
mais produites surtout à partir du XVIIIe siècle. Les lanternes
magiques attirent également un public populaire, que ce soit
dans le domaine domestique ou lors de démonstrations
publiques. Elles sont alors colportées de ville en ville.
D’autres jouets optiques tels que les praxinoscopes, les
phénakistiscopes ou les thaumatropes démontrent le succès
des images en mouvement et préparent le terrain pour
l’apparition des appareils de projection cinématographiques.
Casimir Sivan
(1850 – 1916)
Longtemps oublié de l’histoire des débuts du cinéma en Suisse,
Casimir Sivan est un ingénieur et horloger installé à Carouge,
passionné par la reproduction du son et de l’image. Il est
concessionnaire, en Suisse, du kinétoscope de Thomas Edison
et de son phonographe. Le kinétoscope est une boîte en bois
contenant une pellicule et un petit écran permettant à une
personne de voir un film de quelques secondes. En 1896,
l’appareil est présenté par Casimir Sivan dans le Pavillon Edison
lors de l’Exposition nationale suisse à Genève, alors que le
cinématographe des frères Lumière est montré, en parallèle,
par François-Henri Lavanchy-Clarke dans son Pavillon des Fées.
Cette même année, Casimir Sivan brevète avec Eugène Dalphin
une caméra entièrement suisse et tourne les premiers sujets
helvétiques dont l’Exposition nationale, les Bains des Pâquis
et l’arrivée d’un tram.
Casimir Sivan est aussi collectionneur de montres et d’automates,
et connu pour avoir imaginé une montre parlante
et fabriqué différents phonographes. Acquise par la Ville de
Genève en 1909, sa collection horlogère est aujourd’hui
conservée au Musée d’Art et d’Histoire.
Par ailleurs, au début du XXe siècle, Casimir Sivan réside au
numéro 12 de l’avenue Industrielle, à côté de l’endroit où un
cinéma ouvrira bientôt. Un voisinage déjà plein de sens…
Alice Guy
(1873 – 1968)
Alice Guy, née en 1873 au Chili, passe quelques années de son
enfance auprès de sa grand-mère maternelle à Carouge.
Installée plus tard à Paris, elle devient une figure pionnière du
cinéma, aux côtés des frères Lumière et de Méliès. Après avoir
assisté à la projection du cinématographe des Lumière en 1895,
elle est éblouie par ce spectacle et propose à Léon Gaumont,
dont elle est la secrétaire, de tourner des films afin d’animer
les démonstrations des appareils de projection de la société.
En 1896, La Fée aux choux, son premier film, est aussi considéré
comme le premier film de fiction de l’histoire ; il s’agit là d’un
court spectacle entièrement mis en scène. Elle devient
directrice artistique de la maison Gaumont et réalise, au fil du
temps, des milliers de films. Partie aux États-Unis avec son mari,
elle fonde la maison de production Solax, alors le plus grand
studio de cinéma du monde. Prônant le naturel dans ses films,
elle imagine encore les premiers trucages du cinéma tels que
le ralenti, l’accéléré ou la marche arrière.
Malheureusement, la plupart de ses films — s’ils n’ont pas été
détruits — ne lui sont plus attribués. Le mystère plane en effet
souvent sur les créations de cette époque et leurs autrices
ou auteurs ne sont pas forcément nommés. Alice Guy décède,
oubliée du milieu, en 1968. Depuis plusieurs années, son rôle
de pionnière du cinéma est enfin reconnu.
« [Ma grand-mère] habitait à Carouge, un des faubourgs de Genève,
cher aux artistes, un petit appartement dont la terrasse donnait sur un de
ces jardins en désordre, cassolettes parfumées, que le Rhône (sic) côtoyait.
C’est là que mon frère aîné et mes trois soeurs se réfugiaient pendant
les vacances ou en cas de maladie. […] Ce fut un déchirement lorsque,
trois ans plus tard, ma mère, que j’avais oubliée, vint nous voir et décida
de m’emmener à Valparaiso », Alice Guy, La Fée-Cinéma.
À partir des années 1920, Carouge voit se développer un
cinéma à vocation éducative, documentaire et publicitaire.
En 1928, Arthur Adrien Porchet et Alfred Masset fondent
l’entreprise Cinégram (initialement Film AAP) au numéro
29 de la rue de Lancy. Pionnier suisse de la prise de vue sonore
et en couleur, le laboratoire réalise des documentaires et
des films de commande. Cinégram produit aussi le Ciné-
Journal suisse, des actualités projetées dans les salles en
avant-programme.
Le cinéma sert également d’outil de sensibilisation.
En collaboration avec les Cinémas populaires romands,
Jean Brocher (1899 – 1979), ingénieur issu d’une famille
carougeoise, organise des projections sur des questions
de santé publique et de morale : alcoolisme, tuberculose,
sécurité routière. Il réalise également des films aux accents
moralisateurs, comme Taxi 22 (1933) et Le Criminel inconnu
(1935), qui sont félicités par les associations de lutte
contre l’alcoolisme. De son côté, André Ehrler (1900 – 1949),
instituteur et homme politique carougeois, défend une
vision du 7e art comme un puissant levier d’éducation
et d’engagement citoyen.
En 1968, cinq réalisateurs romands — Alain Tanner, Michel
Soutter, Jean-Louis Roy, Claude Goretta et Jean-Jacques
Lagrange — fondent le Groupe 5, un collectif dont plusieurs
films seront coproduits par la Télévision Suisse Romande
(devenue RTS). Ces cinéastes participent activement au
renouveau du cinéma suisse, en proposant des récits plus
libres et des thématiques résolument contemporaines.
Plusieurs membres sont liés à Carouge par des attaches
familiales, des collaborations avec le Théâtre de Carouge
ou leurs tournages.
Michel Soutter (1932 – 1991) se fait connaître par un cinéma
poétique s’affranchissant de la narration linéaire. Avec
La Lune avec les dents (1966), son premier long métrage,
il prouve qu’un film peut être réalisé avec une petite équipe
et du matériel léger. Cette expérience signe le début du
contrat de coproduction entre le Groupe 5 et la TSR.
Originaire de Carouge, Claude Goretta (1929 – 2019) crée
le Ciné-club universitaire en 1951 avec Alain Tanner. Après un
séjour à Londres, il revient en Suisse avec un regard critique
sur les questions sociales. D’abord réalisateur à la télévision, il
tourne des documentaires qui nourriront son cinéma de fiction.
Fils de l’écrivain carougeois Henri Tanner, Alain Tanner
(1929 – 2022) débute à Londres dans le documentaire.
De retour en Suisse, il réalise des films marqués par l’esprit
contestataire de Mai 68, interrogeant l’identité suisse,
la condition ouvrière et la quête d’émancipation.
L’architecture moderniste des Tours de Carouge, construites
entre 1958 et 1963 pour les cinq premières, a suscité l’intérêt
du Groupe 5. Michel Soutter tourne La Lune avec les dents
(1966) dans un bâtiment désaffecté du chemin de la
Pyrotechnie (disparu), sur le terrain de la future sixième tour,
construite en 1973. Les Tours apparaissent aussi dans
La Pomme (Soutter, 1969), L’Inconnu de Shandigor (Roy, 1967)
et Charles mort ou vif (Tanner, 1969), tandis que la rampe
en spirale de la centrale Migros est visible dans Temps mort
(Lagrange, 1968) et l’avenue Vibert dans Le Retour d’Afrique
(Tanner, 1973). Ces films brisent l’image idéalisée d’une Suisse
alpine, en braquant les projecteurs sur la ville, tandis que la
campagne devient un espace d’évasion. À son tour, Simon
Edelstein, chef opérateur sur plusieurs films de Michel Soutter,
capte, en tant que réalisateur cette fois-ci, l’atmosphère
des bistrots de Carouge dans Un homme en fuite (1980),
juste avant que la ville ne change profondément.
Patricia Plattner
(1953 – 2016)
Patricia Plattner, cinéaste et productrice née le 22 janvier
1953, est une figure féminine essentielle du cinéma suisse.
Elle étudie l’histoire de l’art puis est diplômée de l’École
supérieure des arts visuels de Genève. Elle fonde Les Studios
Lolos en 1979 avec ses amis Aloys Robellaz et Philippe
Deléglise que rejoindront par la suite d’autres artistes, et
poursuit une carrière artistique. Devenue assistante sur le film
Campo Europa de Pierre Maillard, elle se plonge dans l’univers
du cinéma. En 1985, elle crée Light Night Production où elle
travaille ensuite avec François-Christophe Marzal.
Son travail est marqué par le goût de l’exotisme et les nombreux
voyages qu’elle réalise. Alternant films documentaires (entre
autres sur son ami Nicolas Bouvier) et de fictions, son univers
foisonnant est teinté de couleurs, de sensibilité, de musique,
de féminité. Ses réalisations sont plusieurs fois présentées
en compétition au Festival de Locarno.
Installée à Carouge dans sa vie et dans son travail, elle habite
à la rue Vautier et ses fenêtres donnent sur le Cinéma Bio.
Très investie dans la vie culturelle et dans l’univers du cinéma,
elle reçoit le Mérite carougeois en 2003. Elle décède
prématurément le 5 septembre 2016 à 63 ans. Désormais,
en hommage, une salle du Cinéma Bio porte son nom.
Filmographie,
en tant que réalisatrice
1986 La Dame de Pique, fiction
1989 Piano Panier ou la recherche de l’Équateur, fiction
1990 Des tableaux qui bougent, Georges Schwizgebel,
documentaire
1991 Le Sismographe, la Lune et le Léopard,
documentaire
1993 Le Hibou et la Baleine, Nicolas Bouvier,
documentaire
1994 Le Livre de cristal, fiction
1996 Hôtel Abyssinie, documentaire
1997 Une histoire qui enjambe les Alpes, documentaire
1999 Made in India, documentaire
2000 Maestro, Maestro ! Herbert von Karajan,
documentaire
2002 Les Petites Couleurs, fiction
2004 Sketches of Kerala
(Les dieux ne meurent jamais/Le Temps des
marionnettes/Les Trois Singes), documentaires
(avec Laurent Aubert, Ravi Gopalan Nair
et Johnathan Watts)
2005 Carnets de valse : Vienne-Paris-Lima,
documentaire
2009 Bazar, fiction
Le Cinéma Bio
L’histoire
L’Idéal-Cinéma ouvre ses portes le 6 juin 1912 ; il s’agit d’une
structure en bois, le Pavillon Beltrami, du nom de son propriétaire,
Faustino Beltrami, cafetier. Il est situé presque au même
emplacement que le cinéma d’aujourd’hui. Le 5 octobre 1912,
une bobine prend feu et finit par enflammer la structure entière.
Il n’y a heureusement pas de blessé ; seul l’opérateur subit
quelques brûlures et le bâtiment doit fermer.
Le Chanteclair-Cinéma ouvre ensuite le 13 avril 1913 à l’angle
de la rue Saint-Joseph et de la place du Marché. Jusqu’en 1921,
différents noms apparaissent pour cet établissement dans
la presse : Cinéma-Carouge, Cinéma-Carouge Chanteclair,
Cinéma Chanteclair.
En décembre 1928, sous le nom de Carouge-Cinéma, une
nouvelle salle en dur est inaugurée, semblable à celle connue
aujourd’hui ; il s’agit d’un cinéma moderne et confortable
construit par Paul Perrin (fils de l’architecte ayant conçu
le cinéma l’Alhambra). Inspirée de l’architecture des hangars
d’aviation, la salle bombée et allongée permet la projection
d’images de qualité et la mise en place de 450 sièges et d’une
fosse d’orchestre, pour accompagner les films encore muets.
La silhouette typique joue théâtralement avec la place,
et l’architecte exploite pleinement cette position d’angle
en y plaçant l’entrée, dont le style art déco reflète le caractère
novateur que l’art du cinéma incarne alors.
En 1931, le Carouge-Cinéma-Sonore passe au parlant. En 1952,
la salle est désormais appelée Vox. Le plafond, agrémenté
d’étoiles, invite à la rêverie et symbolise la magie du cinéma.
La sauvegarde
En 1972, le nom du Cinéma Vox change en Bio 72, allusion au
bioscope et au biographe, appareils cinématographiques
des débuts. Cette nouvelle dénomination permet aussi au lieu
de monter au début de la liste des cinémas dans les journaux.
La salle est redécorée et son confort est encore amélioré.
En 1986, son propriétaire souhaite démolir le bâtiment et divers
projets sont imaginés pour remplacer le bâtiment. Plusieurs
procédures se succèdent pour classer le lieu afin de le sauver,
sans y aboutir. En 2002, une pétition réclame la sauvegarde du
cinéma. L’association des Amis du Bio est fondée. En juin 2004,
la Ville de Carouge rachète le bâtiment, malgré un référendum
préalable qui est rejeté le 18 avril 2004 par la population
carougeoise. Le bâtiment est mis à l’inventaire cantonal des
monuments historiques en août 2004. Quelques mois plus tard,
la Fondation du Cinéma Bio est créée. La salle, entièrement
rénovée, rouvre ses portes en 2007. Une deuxième salle, dédiée
désormais à la mémoire de Patricia Plattner, et une buvette
accueillent les spectatrices et les spectateurs.
Aujourd’hui
Il est difficile d’imaginer une place du Marché sans son cinéma
emblématique à l’architecture nostalgique et unique, ni sans
son café où il fait bon s’imprégner de l’ambiance si particulière
des lieux. Dirigé par Alfio di Guardo avec à ses côtés Mattia
Giannone en tant que directeur adjoint et toute une équipe
passionnée, le Cinéma Bio continue de nous faire rêver…
Les autres lieux
de projection
Avant la construction des salles qui lui sont dédiées dans
les années 1910 – 1912, le cinéma était avant tout itinérant.
Il devient rapidement à la mode, ce qui favorise la construction
de nombreuses salles à Genève. Le cinéma à la place du Marché
est l’un des premiers bâtiments fixes à être construits.
Mais d’autres lieux à Carouge peuvent également accueillir
des projections, comme l’École des Pervenches qui propose
très tôt des séances pour les élèves. Dans le contexte scolaire,
le cinéma est alors considéré comme un bon outil pédagogique,
qu’il faut néanmoins réguler.
D’autres espaces temporaires organisent également des
projections : à la suite de la fermeture du Cinéma Chanteclair
en 1921, des séances ont lieu en plein air à Carouge, notamment
dans la cour de l’ancien Hôtel de l’Écu de Savoie. On apprend
aussi que la Salle Cardinal-Mermillod à la rue Jacques-Dalphin,
après avoir été un dépôt de bières puis une chapelle, oeuvre
comme cinéma. L’espace accueille, dès 1958, le premier Théâtre de Carouge.
La Salle des fêtes sur le terrain de l’ancien stand de tir projette
également des films, comme s’en souvient l’écrivain Jan Marejko
qui, enfant, y est convié avec « tous les gosses de Carouge »
pour visionner un film présenté par la marque de lessive Persil.
Brasseries, cafés-concerts et théâtres s’approprient aussi cet
art nouveau qui connaît alors un vif succès.
Au numéro 10 de l’avenue Industrielle, Victor Bergna,
propriétaire du Café de la Poste, demande l’autorisation de
construire un cinéma-dancing en 1930 sous le nom de Victoria-
Cinéma, puis de Trianon-Sonore. Vers 1938, la gestion du
cinéma est confiée à Charles Dumont, également exploitant
du Cinéma Corso, au numéro 20 de la rue de Carouge.
En 1953, l’immeuble est vendu au Valaisan Jean Fournier,
qui avait déjà ouvert une salle de cinéma à Saint-Maurice.
Il poursuit l’exploitation du café et rénove le cinéma, qui rouvre
en 1955 sous le nom Cinéma Pigalle. Habitant au-dessus de
la salle avec sa famille, il bénéficie souvent de l’aide de son fils
Michel, qui travaille comme projectionniste. En 1961, Jean
Fournier développe un système révolutionnaire de projection :
le « cinéma horizontal », transformant l’écran carré hérité du
cinéma muet en écran rectangulaire, permettant une image
panoramique pratiquement illimitée dans le sens de la largeur.
Doté de sièges confortables, le Pigalle est une salle petite,
mais emblématique du quartier. Les jeunes gens se réunissent
souvent pour danser dans le café adjacent. Aujourd’hui, le
bâtiment abrite le Théâtre Alchimic dirigé par Pierre-Alexandre
Jauffret : l’une des salles du foyer a été baptisée salle « Jean
Fournier », en hommage à son propriétaire passé.
Quant à Charles Dumont, il ouvre dès 1956 le Cinéma Trianon
au numéro 14 de la rue Caroline, qui fonctionne jusqu’en 1969.
Enfin, au numéro 20 du quai du Cheval-Blanc, dans les années
1930, il existe encore, mais très brièvement, un Acacias-Cinéma.
Réaliser un film d’animation, c’est donner vie à des objets
inanimés : dessins, marionnettes, pâte à modeler… Dans les
années 1960, alors que l’animation débute en Suisse, trois
graphistes actifs dans la publicité — Claude Luyet, Daniel Suter
et Georges Schwizgebel — découvrent cet art au Festival du
film d’animation d’Annecy. En quête d’une forme d’expression
plus personnelle que les dessins animés classiques de Disney,
ils fondent le studio GDS en 1970 à Carouge, situé aujourd’hui
dans les Tours. Leur premier film, Patchwork, réalisé la même
année avec l’artiste local Gérald Poussin, marque le début
de leur aventure.
Le trio affine son art en créant des génériques pour la
télévision, tout en finançant ses films grâce à la réalisation
d’affiches. Artisans autant qu’artistes, ils élaborent leur propre
style, créant des films à partir de centaines de dessins et
de peintures, parfois même de photographies. Leurs courts
métrages — drôles, grinçants ou graves — reçoivent de
nombreux prix et contribuent à faire reconnaître l’animation
comme un art à part entière en Suisse.